• Portoscuso

    J'avais froid, là-bas. Les cheveux en bataille, flottant devant le visage tourné vers l'horizon, où la terre se détachait à peine. Son corps n'était pas loin, délié du mien, mais sa présence était enivrante alors que les ouvertures se barricadaient, filtrées par l'air salin. Le claquement des vagues était diffus alors que je souriais en écoutant ses promesses. Nous étions ici, tout était possible disait-il. Tout pouvait être possible. Je tirais sur ma clope, soufflant la fumée vers l'azur, observant au loin un point inaccessible auquel j'aurais pu me raccrocher. J'accostais mes bras à son torse, acquiescant, tandis que je voulais, moi aussi, hurler de longs serments révélateurs de ce qui rongeait mes tripes, accrochées aux siennes.

    Les rochers disparaissaient dans la pénombre, se coulant vers la mer, ne formant qu'une masse sombre et grotesque et je laissais défiler intérieurement tout ce qui avait pu me porter jusqu'ici, chez lui, au sud de la Sardaigne, laissant ses doigts effleurer mon cou. L'enchevêtrement de lieux, de dates, de cendres étalées à même le sol et de cris étouffés par ses mains collés à ma bouche se perdaient, dansant devant le regard inexpressif, tentant un vain collage significatif. Tout se voulait différent à présent, ma présence même, mon désir d'être montée dans cet avion afin de me retrouver ici, à contempler le phare qui illuminait faiblement les vagues, balancées. Et lui, intrinsèque. Sans paroles, muette, toujours, tout ceci indiquait ce que je portais, intérieurement, mordant la raison. Les pas nous menaient au-delà des vagues, et nous marchions alors, laissant les preuves de notre passage s'effacer.

    Jusqu'alors.


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