• T.E.L.E.P.H.O.N.E

    Je suis terrifiée. La peur au ventre de ce qu'il pourrait advenir, après, comme un saut dans le vide, non désiré. La peur mêlée à l'excitation de ne pas avoir d'avenir, de ne pas réussir à « construire ». J'ai toujours eu des objectifs, plus ou moins concrets, ou plus ou moins idiots (comme celui, ridicule, d'avoir voulu faire des études de littérature, naïveté débordante que je regrette amèrement à présent). Aujourd'hui il faut savoir choisir, conserver ses valeurs, ses passions, ou les perdre au détriment d'avoir une situation. Celle que je n'aurai jamais, car, au final, je n'ai jamais réellement pu poser, ne serait-ce que des contours, sur ce qu'elle pourrait représenter. Etre ici, seule, échappée de toute cette ambiance poisseuse et vomitive des amphis désertés de ma fac. Etre ici m'a ouvert les yeux quant au désir, absurde et grotesque, profondément adolescent, de ne pas revenir. Rester, partir ailleurs, peu m'importe, mais ne pas réintégrer cette atmosphère qui me rend nauséeuse. Je suis toujours dans le flou et le serais-je probablement toute ma courte vie, mais aujourd'hui je suis persuadée que ma vie ne se fera pas là-bas, avec et parmi eux.

    C'est en l'observant, lui, ses amis, tous ayant désertés leur lieu d'enracinement antérieur, s'échappant, c'est en écoutant leurs mots malhabiles que j'ai formulé ce trouble intérieur, sans fond, effrayant. Avancer, la peur toujours coincée, au bord des lèvres, mais avancer.

    C'est en parlant, lui possédant déjà un statut, l'écoutant me dire combien il gerbait tout ça, se fondre pour espérer être enfin quelqu'un. Une sorte d'apaisement nébuleux, faussé. Celui que j'espère depuis tant d'années, au détriment de ce que je désire, réellement. Lui cherchant une porte de sortie, s'accomplir, d'une autre manière. Et moi cherchant vainement une porte d'entrée, puis m'enfuir, au plus vite.

    Je ne sais ce qu'il représente pour moi, à l'heure actuelle. Je sais que lui aussi est terrifié, l'admettant même parfois, se rétractant ensuite, jouant sur les mots. Toujours cette difficulté à communiquer, difficulté d'un langage que nous ne maîtrisons pas.  L'écouter me blesser, par inadvertance peut-être. Ou intentionnellement. Attendre la tombée du jour avec excitation, feindre la distance face aux autres, face à lui. Le sentir languir sous mes doigts. Se sentir être, simplement.


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