• Les corps s'entrechoquant au milieu de la foule extatique, le sourire barrant mon visage, les guitares saturant la salle, eux hurlant, seule, au centre, j'admire le mouvement des cheveux s'accrochant et je souris, le ventre

    En feu. Ici.

    Et c'est dans ses bras acceptant les gestes confus brouillant mon visage, entre les draps défaits, ses yeux plongés dans les miens, évitant le contact visuel au profit de celui des corps, fenêtres embrumées, cendrier débordant, son odeur à présent familière. Les doigts s'emmêlaient sans effort tandis que j'affrontais l'intérieur, hurlant dans un cri

    Son nom. 

    Les larmes coulaient alors qu'il était en moi, caressant malhabilement son cou, enfonçant mes ongles dans ses mains.Sachant, à cet instant précis, que j'avais toujours voulu être là.

     


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  • Le soleil explosant sur ma peau, ne savoir où se situer, entre deux ravins. Rester. Ailleurs. M'imaginer déjà dans ces couloirs froids, remplis de regards désabusés, comme le mien, pareille à eux tous. Tout lâcher, reconstruire. Ne pas arriver à prononcer ces deux mots, au bord des lèvres saignantes, explosion corporelle, anémie spirituelle, la bouche s'entrouvre, les sons ne s'échappent pas, cris étouffés, sa peau,  son visage qu'il me force à regarder, emprisonnant mes bras, m'arrachant à moi-même, j'hurle en silence, contre lui. Contre moi. M'accrocher, comme je l'ai fait avec les autres, sachant qu'aujourd'hui tout est différent. Nous. Pouvons. Me dérober sous ses regards, débordement intérieur, enfouir le tout, vouloir tout éclater. Ensuite. Dehors. Sentir que je ne contrôle rien, située en bas, il me regarde, me dirige, lui seul sait. Et j'accepte. Tributaire de ses actes, de ses yeux qui me dévorent. Je suis la seule. A pouvoir.


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  • L'odeur de cigarette embaume la pièce jusqu'à écoeurement. Les feuilles volantes étalées sur le bureau, chimère de l'étudiante brillante que j'ai été et que je ne suis manifestement plus. Tout remettre en cause, repousser constamment l'échéance, la peur de l'après inscrite au fer rouge au creux du ventre. Le doute tiraillant, laisser les larmes couler, idiote. S'engouffrer entre les mots absurdes de sens, attendre un Salut invraisemblable et inexistant, la sensation d'être dépareillée face à tous ces autres, ne sachant pas plus, mais possédant la force de se mouvoir à l'intérieur de l'incertitude, sereins. Je ne peux feindre l'apaisement, m'attacher  à des désirs vains, aux mythes de l'étudiant accompli, réjoui de cette situation sordide qui nous place en permanence dans la supposition et la perplexité de ce qu'il adviendra cinq années plus tard, davantage peut-être. Je gerbe tout ça, ma façon de ne jamais pouvoir être impassible, flegmatique devant l'inconnu. J'ai toujours su qu'il adviendrait un moment, crucial, où je devrais faire un choix, quelconque. Une étape où, comme une illumination tordante, je saurais, enfin. Force est de constater que cela fait des années que je suspends ce tournant, espérant stérilement que  quelque chose s'élève. Rien. Je suis devant le mur, eux à mes trousses, et je dois escalader sans prises, sans savoir, exactement, si derrière se situe l'accalmie tant espérée, la compétence à enfin arracher ce flottement diffus et insupportable. Alors j'apprends, faiblement, tirant sur la clope qui fait sangloter. Cercle vicieux. Fallacieux.


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  • J'étais persuadé que quelque chose cédait, là, à ce moment précis où la lumière filtrée à travers les volets dessinait des lignes distinctes sur ses bras graciles mais fermes. Le schéma n'était pas logique, tardant dans la durée, je ne savais ce qu'il espérait, ce qu'il attendait, repoussant chaque mèche de cheveux couvrant mon visage, il me maintenait, avec plus de douceur qu'habituellement. J'aurais pu fuir, détacher mon regard du sien, pénétrant, tenter de le repousser en vain. Il m'embrassait, caressant mes joues, mes bras, sans forcément s'appliquer à me déposséder de mes vêtements, dans la fureur coutumière de ses gestes. Il m'observait, d'en haut, je prenais ses lèvres pour éviter ces moments cruciaux, éprouvant, ceux où il cherche à entrevoir derrière la devanture. L'impatience laissait place à la gêne, inconnue. Moment que les yeux ne peuvent percevoir, intérieur, décisif. En temps normal, j'aurais attendu cet instant avec bouillonement, douce torture, sentir le puzzle se décomposer puis se rajuster d'une autre manière, plus forte, à première vue indestructible. Savoir, intimement, la métamorphose qui s'opère. Sauf que. Le trouble était palpable. Antérieurement, le passage, le vide devant le précipice s'était engendré sans crainte, naturellement. Formulations insipides, messages naïfs -adolescents- jouir de mots dont on ne sait la réelle signification. Ici tout est différent. Le rapport intrinsèque, absurdement éloigné, antithèse d'un rapport au corps fusionnel, sans précédent. Je ne désire pas actionner le mécanisme maintenant, je ne sais même pas si je souhaite réellement le mettre en mouvement un jour, faute de savoir, je me maintiens à distance, en dedans. J'aimerais savoir si, à défaut d'agir comme antérieurement, relations factices basées sur des échanges supposés, cela signifie-t-il l'arrivée de quelque chose, autre. Un nouveau rapport à autrui, à l'autre, à Lui.

     

     

     


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  • Les volutes de fumée dansent dans la pièce close. Soupirs étouffés résonnant tandis que les peaux s'accrochent entre elles, que ses yeux cherchent les miens, que ses doigts encerrent mes bras, que la douleur murmurée se fasse jouissance passive. Toujours sur la brèche, la violence sourde éclatant par moments diffus, piégée. Les mots se dessinent par gestes, bouches closes, côte à côte. Projections dans un futur auquel je ne crois pas. L'odeur âcre s'imprégnant sur les vêtements jêtés à terre, éparpillés comme les esprits clos. La fumée épaisse s'élevant, mains sales cherchant au plus profond d'un corps tendus par l'ivresse. Elliott Smith résonne, présence occultée qui rassure face au silence génânt, agressif. Face à face. Enfin.


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