• Dialogue.

    Les trottoirs transformés en coton, j'avance dans les rues désertées du petit matin, l'esprit séparé en une multitude de boîtes distinctes, désordonnées. Et les routes se séparent, laissant le choix, le soleil pointe derrière la carrière. Je suis seule, assise, face à l'asphalte.

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    Et tout prend un sens différent à présent, allongés dans l'herbe du parc, les rires dansant autour des têtes. Le goût âcre de la fumée au fond de la gorge, je serre sa main, violement. A travers les feuilles, muets, avalant la brume avec sérénité, il observe l'émeraude des yeux, clos. Posant ma tête contre son torse, j'aspire une dernière bouffée et les doigts s'emmêlent, tout comme les volutes de fumée ondoyant dans l'air frais du soir.

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    Nos têtes étaient tournées chacune d'un côté différent tandis que j'observais son reflet dans les vitres miroirs du métro. Nos visages fermés, alors que je ne réalisais pas ce qu'il se passait, réellement. Ses paroles déchirantes dont je n'assimile toujours pas le sens, hurlant à celui qui voulait fouiller un passé sans intérêt, hurler qu'il n'avait le droit de se porter en juge d'une période inconnue, hurler en l'embrassant, hurler en le frappant, griffant, l'enserrant, en même temps. Tu ne peux pas.

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    Et les corps, l'un en face de l'autre, les yeux mi-clos, les bouches entrouvertes, cherchant l'air et la salvation.

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    Interdits, face au vide crée par les mots. Nous cherchions chacun à entrevoir l'Opposé, forme vide et abstraite. Nous tirions instinctivement sur nos clopes afin de nous donner une contenance, au milieu de la foule, s'enfuyant. Seule. Et ses mains se sont posées sur mon visage glacé, tandis que ses paroles litaniques s'enchevêtraient en moi, m'arrachant à moi-même. Sachant à présent ce qu'il désirait extraire, du plus profond. Qu'il ne voulait plus, seulement, paroles expulsées durant les corps à corps fusionnels, Je te veux, brouillon et flou, équivoque des sens, langue amère, brûlée par les soupirs fébriles, s'échappant. Je l'embrassais doucement, un poids au fond du ventre, j'aspirais son souffle comme s'il avait pu me redonner vie.

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    Sa silhouette ne dessinait plus qu'une ombre entre les nuées. Assisse dans le bus m'entraînant ailleurs, observant le crachin du ciel, mes larmes se mêlaient aux stigmates de la pluie, coulant lentement sur les carreaux.

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    Ses mains m'enserraient alors, m'obligeant à le contempler, fixement, la gorge nouée, difficilement, ses lèvres insatiables formulant  dans un souffle, telle que j'étais, qu'il me désirait. Et qu'il m'aimait.

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